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GRAVIR UNE MONTAGNE ET SE LANCER VOLONTAIREMENT DANS LE VIDE
De toutes les montagnes répertoriées, il en est une que tout homme souhaite gravir encore et encore, jusqu’à en perdre la tête et la raison. D’une étincelle fugace, le désir en bataille est
porté par cette quête entêtée. Curieuse sensation, pressante et surprenante, sentir grandir en nous ce volcan endormi est une maladie incurable dont personne ne voudrait se départir ou guérir. Merveilleux moment de rupture, entre le bienséant et l’indécent, nous n’avons cure des préceptes, des us et coutumes, de l’éducation reçue ou de telle ou telle croyance. Lorsque le désir parcourt nos veines, plus rien n’a d’importance que ce pourquoi nous sommes dans un tel état. Adorable gredin montant à l’assaut de nos doutes, il éveille en nous des sensations d’une force que nous ne soupçonnions pas. Nous le sentons partout, le ressentons dans tout, s’immiscer dans nos pores les plus reculés, nos fantasmes les plus inhibés. Il nous ronge, tel un amant de passage capable de faire se sentir belle la plus vile des créatures et ne s’époumone jamais. Il bouffe, bouffe jusqu’à être repu d’un bien-être dont il nous fait bénéficier. Oui, lorsqu’il monte aux barricades et promet la lune, plus rien n’a d’importance, semble-t-il. Qu’on soit en train de lire ou de dormir, jamais il ne laisse de répit et sévit sans se priver de l’affirmer. Joueur à ses heures, il aime se laisser retomber tel un soufflé, pour encore mieux se gonfler, l’instant suivant, s’immiscer dans nos sens affolés et aiguisés à la fois. Ce qu’il peut être cruel par moments, à nous faire du rentre-dedans sans se soucier de notre état. Et alors qu’il a allumé le feu, il se permet de l’étouffer sans la moindre vergogne, d’un simple soufflet. Féroce mécène de la félicité, il nous berne en nous faisant croire à l’amour. Mais ne prenez pas pour argent comptant ces élans et cette ardeur qu’il met dans ces raids lorsqu’il fond sur vous, ce n’est souvent que de la poudre aux yeux, que des feux follets aveuglants et flamboyants, enchantés et agréables je vous l’accorde, mais n’étant jamais que de belles sensations...