CAMPAGNE OLEICOLE A BEJAIA

La campagne oléicole a démar ré dans certaines régions de la wilaya de Bejaïa sous de mauvais auspices, compte tenu de la production (en olive et huile) qui a chuté. Rendement des plus faibles jamais enregistré dans cette wilaya oléicole par excellence dont l’olivier est omniprésent. Bejaïa vient en tête en matière de surface oléicole à l’échelle nationale. A travers les 161.000 hectares que compte la superficie du verger oléicole national, la wilaya de Bejaïa représente plus de 30% de cette superficie, soit plus 50.541 ha et 48.313 ha de superficie en rapport, le nombre d’oliviers recensés dans cette wilaya est de 4.345.703 et le nombre d’oliviers en rapport a atteint les 4.150.086. Tous les producteurs rencontrés s’accordent à dire que la chute de la production d'huile d'olive est importante pour cette campagne 2022-2023, comparativement à celle réalisée la saison précédente. Les nombreux oléiculteurs interrogés estiment que c’est la première fois qu’une telle chute est enregistrée dans cette wilaya, en tablant sur une augmentation record du prix de l’huile d’olive d’ici la fin de la campagne oléicole. La Direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de Bejaïa partage le même constat des producteurs en estimant, quant à elle, la production d'huile d'olive à sept millions de litres seulement contre 12 millions de litres produits durant la campagne précédente. Une chute de la production de presque la moitié imputée aux « conditions climatiques de cette année (réchauffement climatique et stress hydrique ». L’absence de pluies depuis plusieurs mois maintenant a impacté sérieusement la production oléicole qui s’ajoute aussi aux incendies de forêt qui ont décimé plusieurs plantations. Les oléiculteurs qui ne vivent que de l’olive et de ses produits, tirent la sonnette d’alarme sur le devenir de l’oléiculture dans cette région, en appelant les pouvoirs publics à plus d’attention pour cette culture. Les oléifacteurs réclament toujours l’effacement des dettes et les producteurs demandent des indemnisations. Ces propriétaires d’oliviers qui étaient, pour rappel, assaillis par les intempéries et feux de forêt, n’ont pas encore été indemnisés à ce jour, de même qu’aucun plan de remplacement de ces arbres n’a été prévu. Le verger oléicole de la wilaya de Bejaïa est situé, en grande partie, en zone montagneuse, dont 07% sur des terrains en pente moyenne à forte. Il se compose aussi de vieilles plantations qui représentent 75% de la superficie totale oléicole et ces oliviers sont issus en grande majorité, de greffage d’oléastres. Aujourd’hui, la quasi-totalité de ce verger oléicole est atteint par l’âge, et, faute d’un entretien suffisant, ces oliviers donneront, selon les estimations des spécialistes, de faibles rendements. Dans cette même wilaya où l’olivier est roi, le taux de production des huileries traditionnelles représente environ 41% du parc oléiculteur, ce qui démontre, selon les représentants de la filière oléicole dans la wilaya de Bejaïa, que l’état du matériel utilisé à la trituration est vétuste et provoque un impact négatif sur les quantités transformées. Les caractéristiques qualitatives de l’huile d’olive vierge sont largement influencées par plusieurs facteurs qui agissent chacun différemment. Les spécialistes des services agricoles de la wilaya citent d’abord, le facteur génétique (variété) : « L’huile d’olive est un produit issu du métabolisme de la plante, influencé par les caractéristiques des fruits (taille, rapport pulpe/noyau , cycle de maturation…) » puis des facteurs du milieu, dont le climat est un facteur déterminant pour les zones de culture de l’olivier et, ensuite, des facteurs agronomiques et qui concernent surtout «les travaux culturaux qui améliorent le rendement. Les incidences de la récolte dont la qualité et le rendement de l’huile d’olive sont liés à la technique de récolte». De ces mêmes techniques de récolte, l’on évoque surtout le gaulage, encore largement pratiqué qui provoque des pertes importantes non seulement de la production de l’année mais également de celle de la campagne suivante, et cette technique donne aussi une huile dont le degré d’acidité est plus élevé avec, bien sûr, des odeurs étrangères. Des éléments qui affectent sérieusement la qualité des huiles d’olive, il faut relever aussi les conditions des stockages archaïques d’abord, au niveau des huileries puis au niveau des producteurs. Ce qui constitue l’un des facteurs les plus importants qui déterminent les modifications qualitatives de l’huile notamment, l’acidité et les substances aromatiques. La commercialisation de l’huile d’olive obéit aujourd’hui à un circuit de distribution de type traditionnel qui peut être qualifié d’informel. Les représentants de l’association pour le développement de l’oléiculture et des industries oléicoles, nous précisent au sujet de la commercialisation de l’huile d’olive qu’ «il n’existe pas de marché ou de circuit organisé pour l’huile d’olive», en ajoutant au passage qu’«aucune opération d’exportation d’envergure n’a été effectuée à ce jour, et lorsqu’un excédent est dégagé par les oléiculteurs (lorsque celui-ci est important), une partie est commercialisée en dehors de la wilaya et le reste stocké pour être revendu l’année d’après». Pour la prise en charge de l’oléiculture, les représentants de cette filière, en d’autres termes, préconisent «un véritable coup de pied dans cette fourmilière». Concernant toujours cette commercialisation de l’huile d’olive, nos interlocuteurs nous ont fait savoir que concernant la vente de l’huile d’olive, «il a été constaté l’existence d’un circuit informel et parfois incontrôlable d’où cette vente anarchique altère même le label de l’huile de Kabylie reconnu, puisqu’il existe des huiles douteuses écoulées sur le marché» et ces mêmes oléiculteurs de nous affirmer qu’aujourd’hui, «il est aberrant d’assister à des efforts en amont avec des aides consenties par les pouvoirs publics, non négligeables, pour aboutir à des résultats vains » en souhaitant à l’avenir «d’entreprendre ensemble, avec un maximum de coordination entre les différents intervenants, pour professionnaliser la filière et lui assurer une mise à niveau lui permettant d’affronter avec efficacité la concurrence internationale et exister même au sein de la globalisation». «La nécessité de prendre en charge aussi le sous-produit oléicole et la mise en place de crédits permettant à l’oléiculteur d’acheter l’olive, de régler les problèmes d’assurance spéciale durant la récolte, soutien à l’acquisition de matériel de tractation animale dans des zones où le travail de sol le nécessite et enfin renforcer le tissu associatif pour développer la profession », sont aussi d’autres problèmes évoqués par les représentants de la filière oléicole de Bejaïa qui souhaitent un soutien conséquent à la production qu’à la trituration, de même qu’un train de mesures incitant à la création de laboratoires d’analyse et l’encouragement à la vulgarisation du management». Il convient de rappeler que la wilaya de Bejaïa a enregistré un record de production de plus de 22 millions de litres de l’huile d’olive lors des campagnes précédentes où dame nature a contribué grandement.

 

Tag(s) : #REGIONS
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